vendredi 4 avril 2014

Etape 1: l'annonce et l'acceptation

     Quand mon médecin m'a annoncé le verdict "Cancer du sein", j'ai pas eu peur. Rien du tout. Juste un "D'accord, je comprends." C'est vrai quoi, j'ai 30 ans, je suis en pleine force de l'âge. Je suis une battante. Et puis c'est pas un petit cancer du sein, prit très tôt, et qui se soigne très bien, qui va me faire peur. Non mais oh!
Et puis après on commence à se faire expliquer ce qui va se passer. Et là on réalise que finalement il va falloir se battre un peu plus qu'on le pensait. Piocher un peu plus loin dans ses réserves de bonne humeur, et de verre à moitié plein pour encaisser toutes les nouvelles qui arrivent les unes après les autres.

D'abord on découvre que finalement, 30 ans c'est pas un bon âge. Et non plus on est jeune, plus il semble que le cancer soit fort. Et oui, quand on est jeune nos cellules se régénèrent encore, donc les cellules cancéreuses peuvent s'en donner à cœur joie pour pulluler. Oh bah crotte alors!
Et puis aussi, plus il y a de chances de récidive (et oui, on a encore pas mal d'années à vivre, donc plus d'années où il peut se réinstaller tranquillement).
Donc pour éviter toute récidive on vous propose le traitement de cheval. En fait non, on ne vous propose rien du tout, on vous donne. A moins que vous préfériez faire le choix du risque, mais perso ce n'est pas celui que j'ai choisi. Je fais confiance aux médecins et donc je vais suivre leurs prescriptions.

Donc la première c'est la "mastectomie". Pouah. C'est un mot bien moche et bien barbare. Et c'est marrant bien que je ne l'ai jamais utilisé avant j'ai tout de suite compris de quoi il s'agissait. On va m'enlever le sein malade. Ah bah oui, 30 ans, un cancer bifocal (c'est à dire que j'ai deux zones cancéreuses dans le sein), on ne tergiverse pas. Hop hop circulez y'a plus rien à voir.
Bon alors là, ça met un coup sur la carafe. Il va me manquer un nichon? Mais comment je vais faire pour vivre avec un seul sein? Est-ce que je m'aimerais encore si je suis amputé d'une partie si visible de mon anatomie? C'est vrai que même si j'ai pas pour habitude de me balader les seins à l'air, et que je ne fais pas partie des Femen, j'aime quand même porter des décolletés, mettre ma poitrine en valeur. C'est vrai que j'ai dans l'idée que cette partie de mon corps est tout de même un symbole de ma féminité.

Bon alors là je vous épargne toutes les réflexions et les pensées qui ont fait leur chemin dans ma tête. Je vous laisse de côté aussi les mots admirables de mon chéri (ça je garde pour moi, pour quand je serais vieille au coin du feu!). Mais j'ai eu une envie. L'envie de garder une trace de mon corps tel qu'il est à l'heure actuel, tant que la maladie est invisible à l'œil nu. Donc rendez-vous avec une photographe.
Clic clac. Le temps d'une séance j'oublis mon bidon et que je suis en train de poser à moitié à poil devant une femme que je ne connais pas, et je me prends pour un mannequin. Je vais pas paraître en couverture de Vanity Fair, mais je fais comme si.
Et voilà. Je peux très bien vivre un moment avec un seul sein. Et puis après il y a la chirurgie réparatrice.

C'est pas dramatique!
Je pencherais d'un côté et alors!

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